Vous avez pu voir que la douleur est un phénomène normal mais extrêmement complexe et que nous ne sommes pas tous égaux face à elle, alors que nous sommes tous équipés de la même manière en ce qui concerne sa détection et sa transmission.
Vous avez vu ses différentes composantes, comment la douleur se forme dans votre corps ainsi que les différents types de douleur , puis enfin les « fusibles » qui permettent de limiter l’intensité ressentie de la douleur.
Maintenant, que l’aspect purement physique a été vu, je vous propose de découvrir les processus émotionnels mis en jeu par la douleur et pourquoi bien souvent, une douleur chronique entraîne un fond dépressif chez la personne qui en souffre.
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Vous savez que la composante affective attribue à la douleur un caractère plus ou moins désagréable, plus ou moins pénible, plus ou moins supportable en fonction de chacun.
Selon une étude menée à l’université Northwestern aux Etats Unis, qui a porté : sur 40 personnes vivant un épisode douloureux depuis 4 à 16 semaines au dos sans avoir vécu d’antécédent de ce type avant.
Durant cette étude, elles ont subi des scanners du cerveau au début et 3 fois durant l’année qui a suivie.
Plus la connectivité était grande au début entre des régions cérébrales liées au « comportement émotionnel et motivationnel » qui sont :
la zone connue pour être impliquée dans le processus de douleur aiguë et chronique, c’est à dire le cortex pré-frontal médian,
et un des centres qui enseigne au reste du cerveau la façon d’évaluer et de réagir au monde extérieur, à savoir le noyau accubens,
plus la probabilité que la douleur devienne chronique est grande
Conclusion :
Plus le cerveau réagit émotionnellement à la blessure initiale, plus la douleur persistera une fois la blessure guérie.
(étude publiée dans la revue Nature neuroscience)
Rappelez vous que la douleur est une information normale et naturelle que reçoit le cerveau lui indiquant que le corps subit ou est sur le point de subir un dommage physique, qu’il interprète comme un signal d’alerte entraînant une réaction instinctive d’évitement (retirer sa main du feu par exemple).
De nombreuses cultures, comme celle des Spartiates dans l’antiquité, valorisent ou ont valorisé la maîtrise de la douleur, ce dont témoignent les rituels de passage à l’âge adulte pratiqués dans les sociétés primitives.
Dans la nôtre, en même temps que la maladie a été parfois perçue comme une punition, la douleur s’est vue accorder une valeur rédemptrice.
C’est certainement pour ces raisons que le corps médical a mis autant de temps à accepter de prendre en compte et en charge la douleur des patients.
1° Facteurs à prendre en compte : le sens que vous donnez à la douleur.
La douleur n’est pas une souffrance.
Le sportif peut prendre plaisir à une certaine douleur causée par son entraînement.
C’est certes, un ressenti désagréable dans une partie ou dans l’ensemble du corps, mais la souffrance n’est pas forcément liée au physique et varie selon le sens qu’elle prend pour vous, et ceci, même si dans le langage courant, la distinction entre douleur et souffrance n’est pas très claire.
Comme par exemple : vous pouvez parler de la douleur de la perte d’un être cher ou dire que vous souffrez d’un mal de dos… la distinction n’est vraiment pas claire… !
La souffrance renvoie davantage au sens que vous donnez à la douleur, aux émotions et aux représentations qui lui sont associés.
La perception subjective de la douleur physique et la capacité à la gérer ne sont donc pas directement liées à son intensité.
Elle dépendra d’une part de la représentation que l’on en a :
Est-ce que cette douleur est amenée à durer ?
Voir à s’accentuer ?
Ou bien n’est elle que passagère ?
Est ce qu’elle signifie l’aggravation d’une maladie ?
Ou au contraire fait elle partie d’un processus de guérison ?
Est elle vécue comme une punition ?
Etc etc
La perception de la douleur est donc en partie liée aux apprentissages culturels que vous avez reçu.
Les mots peuvent aussi vous suggérer votre attitude face à la douleur.
Par exemple, si un médecin vous dit :
« n’ayez pas peur, je ne vais pas vous faire mal »
vous vous attendrez davantage à souffrir que s’il vous avez dit « soyez rassuré, vous ne sentirez rien ! » car vous aurez entendu les mots « peur » et « mal ».
Vous attendant à ressentir de la douleur, vous abordez la situation crispé et aurez toutes les chances de souffrir davantage, alors qu’un état de détente permet de mieux la supporter .
2° Facteur à prendre en compte : l’attention (voir « la tension ») portée à la douleur
Lorsque la douleur est intense, elle peut envahir tout votre espace psychologique, tout votre esprit, prenant une place centrale dans votre attention, au point de vous couper du monde entier.
L’esprit se replie alors sur lui-même, n’arrivant plus à se détacher de cette sensation désagréable, ce qui aura pour effet d’augmenter l’intensité de cette perception.
A l’inverse, vous avez tous fait l’expérience d’ « oublier » momentanément une douleur puisque l’esprit est occupé par autre chose.
Cet effet est dû à la distraction de notre attention, et elle est aussi une des approches utilisées dans le traitement de la douleur par l’hypnose, hypnose utilisée de plus en plus pour anesthésier une personne avant certaines interventions chirurgicales.
Une autre approche jouera essentiellement sur la signification de la sensation et les émotions qui l’accompagnent :
Par exemple, on peut ainsi, à l’inverse, porter votre attention sur la sensation douloureuse, cherchant à en prendre pleinement conscience, sans chercher à la fuir, mais en la considérant comme une simple information, en observant ce qui se passe à l’intérieur de vous, sans juger, dans le cadre d’une « méditation en pleine conscience », ou d’une visualisation ou encore de rondes EFT.
3° Facteur à prendre en compte : Douleur et humeur
Il semble évident qu’une douleur, surtout si elle est durable, a une incidence sur le moral.
Quand une douleur se prolonge, elle peut évoluer vers des états comme la dépression ou/et l’anxiété.
Mais il est aussi très vrai, mais beaucoup moins évident pour pas mal de personnes, qu’une humeur dépressive peut avoir pour conséquence d’augmenter les sensations douloureuses.
(cet aspect est détaillé dans la partie PREMIUM de cet article)
Parfois, elle en sera même à l’origine et il n’est pas rare non plus de voir une personne sortant d’un état dépressif constater que certaines douleurs ont disparues (un mal de dos par exemple)
Au cours du temps et en fonction des circonstances, le seuil de tolérance de la douleur peut aussi varier pour une même personne, et ces variations s’expliquent autant par l’apprentissage de votre système nerveux que par les facteurs psychologiques associés à la douleur.
4° Facteur à prendre en compte : apprentissage et mémoire de la douleur
Comme tout processus neurologique, la douleur nécessite un apprentissage de votre système nerveux.

Lorsqu’une douleur est répétitive ou chronique, la connexion entre des ensembles de neurones devient de plus en plus forte et rapide afin d’augmenter l’efficacité pour émettre et recevoir des signaux.
Le développement de ces connexions fait partie des processus qui tout au long de la vie, forment la base physique de la mémoire et de l’apprentissage.
Le but de l’organisme étant de devenir plus efficace face à certaines situations : il s’adapte donc.
Certaines douleurs ne proviennent plus du tissu endommagé mais commencent en fait dans la moelle épinière et le cerveau, donc si vous vous rappelez ce que je vous ai expliqué dans l’article concernant la physiologie de la douleur, la connexion avec le 1er neurone (celui qui est proche de la lésion ou de la blessure) est donc sautée pour aller directement au second (dans la moelle épinière) puis au 3ème (dans le cerveau).
Les chercheurs croient qu’à cause de l’expérience passée, le cerveau transmet dorénavant certains signaux plus efficacement, de la même façon qu’il le fait dans les mécanismes de l’apprentissage, comme lorsque vous avez appris à marcher ou à écrire par exemple.
Des petits signaux peuvent être ainsi amplifiés de telle sorte que la douleur devient hors de proportion par rapport à ce qui l’a provoqué.
Le meilleur exemple de ce phénomène est celle du membre fantôme vécue par les personnes amputées et celle de 60 % des gens ayant des lésions de la moelle épinière.
Malgré que ces dernières n’aient plus de sensations au niveau de leurs bras ou de leurs jambes, elles ressentent encore une douleur provenant de ces membres.
Dans le cas de l’amputation, si le membre est douloureux avant l’intervention, il arrive que la douleur persiste après l’intervention.
La même chose peut être vraie pour d’autres lésions profondes comme celles :
de blessures par balle,
de conditions comme le cancer,
le diabète
ou l’arthrite,
ou encore une maladie comme la fibromyalgie.
Toute douleur qui se prolonge plus de quelques minutes laisse une trace dans les cellules nerveuses.
Cette mémoire est cruciale au développement de la douleur chronique.
En conclusion de cette 1ère partie, retenez que la douleur associée à des partenaires émotionnels tels que la peur, l’anxiété le stress, est vécue en général comme une ennemie.
Dans la partie PREMIUM de cet article, vous découvrirez les 3 dimensions de la douleur ainsi qu’une approche psychologique des douleurs chroniques.
La semaine prochaine vous pourrez découvrir le rôle de l’anxiété et de la notion de « catastrophisme » qui sont des facteurs aggravants le ressenti de la douleur, ainsi que les facteurs prédisposant à l’apparition de douleurs chroniques tels que les traumatismes etc.
Puisse ces articles vous permettre de dédramatiser un état douloureux pour vous amener vers un mieux-être.
Coeur-dialement
Valérie Madej
Bonjour ,
Mercir pour ces informations très intéressantes sur la douleur et sur les émotions♡♡♡♡, pour moi bien souvent la douleur ces notre corps qui nous envoie un appel, il faut souvent réfléchir ce que nous avons fait antérieurement , émotions.
Bonjour Zelie
Effectivement, il faut d’une part écouter ce que notre corps tente de nous faire comprendre et ensuite prendre le temps de se reposer et de se changer les idées, car le moral influe directement sur l’intensité des douleurs.
Bien coeur-dialement
Douce journée à vous
Valérie