La semaine dernière, vous avez pu découvrir les différentes définitions de la douleur, ainsi que nous ne sommes pas égaux face à elle car la douleur est un phénomène complexe qui demande la prise en compte de facteurs physiques, émotionnels, psychologiques et environnementaux ou culturels.
Cette semaine, je vous propose de connaitre la physiologie de la douleur et de répondre à la question : « pourquoi j’ai mal ? ».
Il est essentiel de comprendre comment la douleur se forme dans votre corps si vous souhaitez apprendre à ne plus la subir.
J’ai, autant que faire se peut, tenté de rendre le plus simple possible tout le jargon médical pour que ce processus soit le plus facile à comprendre et j’espère y avoir réussi…. à vous de me le dire !?
Le chemin de la douleur (Physiologie) :
Notre sensibilité à la douleur, tout comme notre perception du chaud, du froid, de la pression, du mouvement, est lié à la présence de détecteurs (ou récepteurs) inégalement répartis dans l’ensemble de notre organisme.
La peau est l’organe le plus fourni en récepteurs (plus de 600 par cm2) !
Lorsque vous vous blessez, à l’extérieur de votre corps (coupures par exemple), ou à l’intérieur (coup, choc, empoisonnement etc), à partir du lieu de la blessure externe ou de la lésion interne, va naître un message nerveux, appelé message « nociceptif » (nociceptif vient du latin « nocere » qui signifie « nuire »).
Votre corps informe votre cerveau qu’une nuisance a eu lieu.
Ce message, qui résulte de la stimulation douloureuse des terminaisons nerveuses contenu dans la peau, les muscles, les articulations et les organes et viscères, va être véhiculé le long des nerfs périphériques jusqu’au cerveau où là, il deviendra réellement douleur.
Tout au long de ce cheminement, ce message sera modulé par différents systèmes qui en augmenteront ou en diminueront l’intensité.
Voyons plus en détail ce qui se passe vraiment :
En cas de blessure ou de souffrance physique, ces détecteurs peuvent être activés soit directement, soit par des substances chimiques logées dans les tissus lésés.
Ces substances, dont vous avez peut-être déjà entendu prononcé le nom, se répartissent en 3 groupes dont le mélange est appelé communément « soupe inflammatoire »

Les ions hydrogène H+, produits par la lésion elle-même
la bradykinine, l’histamine, la sérotonine, les prostaglandines et les cytokines pro-inflammatoires libérées par des cellules spécialisées.
La substance P (pour Pain = douleur), intervenant dans le processus de douleur d’origine neurogène, est sécrétée par les détecteurs tant que ceux-ci sont stimulés. (ça serait d’ailleurs une piste pour comprendre l’origine du cercle vicieux de la douleur chronique).
Elle est considérée comme le neurotransmetteur principal de la douleur
La noradrénaline (provenant du système sympathique) quand à elle, module l’activité de ces substances.
A partir de ces récepteurs, l’information remonte au cerveau grâce à une chaîne de 3 neurones ascendants (du plus bas au plus haut)et ceci, que la blessure soit localisée au niveau d’un membre (comme par exemple un orteil blessé) ou d’un organe (comme par exemple une crise de colique néphrétique).
Le 1er neurone celui qui est le plus proche de la lésion, va de la blessure jusqu’à la moelle épinière
la fibre nerveuse d’un neurone peut s’étirer au-delà de 1 mètre.
Le 2ème neurone va de la moelle épinière au thalamus qui est une structure qui se trouve à l’intérieur du cerveau.
Le 3ème va du thalamus à différentes régions de la substance grise, qui est la matière qui se situe en périphérie du cerveau.
De nombreuses structures cérébrales participent au décodage de la douleur.
C’est au niveau de ces structures cérébrales que seront élaborées les perceptions qui permettent de décoder la localisation ainsi que la nature de la douleur : brûlure, piqûre, crampe etc
Certaines zones sont plus impliquées dans la mise en mémoire de ces perceptions et les comparent avec des expériences passées ce qui entraîne un processus d’apprentissage qui joue un grand rôle dans la mise en place des douleurs chroniques (nous verrons cela plus loin)
Des fusibles de protection :
Afin que les signaux douloureux ne puissent provoquer une mise hors circuit s’ils arrivaient en trop grand nombre dans le cerveau, l’organisme dispose de « fusibles antidouleurs ».
Il s’agit de 3 systèmes de protection, situés dans la moelle épinière, le tronc cérébral et le thalamus.